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    Les métiers du vin : le tonnelier

     

     

    Ils ne sont plus que 400 artisans à travers la France. Le tonnelier est pourtant un partenaire incontournable du vigneron : sans lui, pas de barriques dans lesquelles élever et faire vieillir les vins.

     

    Héritier d’un savoir-faire ancestral, ce professionnel est titulaire d’un CAP tonnellerie. Malgré la mécanisation des ateliers, il reste indispensable : il est le seul à maîtriser les moindres gestes qui donnent naissance à des futs de qualité.

    Équipé d’un marteau et d’un poinçon, il doit être adroit, robuste et patient. Impossible de s’improviser tonnelier du jour au lendemain. Il faut compter deux ans de temps de séchage entre le choix du bois et son utilisation.

    Appelés « merrains », ces morceaux sont ensuite découpés et façonnés pour obtenir des « douelles ». Ces lattes sont contrôlées minutieusement par le tonnelier à sept reprises avant d’être chauffées pour former le corps de la barrique. Elles doivent être homogènes, lisses et sans défaut pour pouvoir être utilisées. L’artisan s’attèle ensuite à la « mise en rose ». Il place alors des cercles autour des douelles pour leur donner une première forme cylindrique. A ce stade, seul le bas du tonneau est formé. Le tonnelier doit chauffer le haut des lattes de façon à pouvoir les incurver. Une fois que la barrique a pris forme, il intègre un fond et une bonde avant de cercler le bois. Commence alors un long travail de polissage puis de chauffe : c’est de cette dernière étape que dépendront les arômes du vin. La cuisson du bois doit être précise, pour permettre aux notes de vanille, de noisette ou de fumée de se développer. Cette chauffe est un secret bien gardé.

     

    Chaque artisan protège son savoir-faire, mettant ainsi un peu de son âme dans ses tonneaux.

     

     

     

     

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    (CF : Le Figaro / vin )

     

     

    2017, millésime rare mais de qualité

     

    Le 27 avril 2017, Bordeaux est ravagé par un gel d'une envergure inédite. Les domaines qui ont échappé au froid proposent aujourd'hui de très grands vins.

    L’année était pourtant bien partie. Trop bien, d'ailleurs. Les douceurs de février et de mars et l'ensoleillement du printemps ont favorisé une reprise précoce de la végétation. "Nous nous sommes retrouvés avec quasiment trois semaines d'avance dans la vigne", explique Didier Cuvelier, gérant du Château Léoville Poyferré à Saint-Julien (Gironde). "C'est cette précocité qui a aggravé les dégâts occasionnés par le gel de fin avril", écrit le Dr Axel Marchal, enseignant- chercheur à l'Institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux dans sa note annuelle.

    En effet, dans les nuits du 20 et 21 avril, puis du 27 et 28 avril 2017, les températures nocturnes frôlent les - 3 °C à Pessac-Léognan et les - 5 °C dans le Médoc. La vigne est tellement avancée que, non seulement, les bourgeons sont brûlés par le froid, mais également certains contre-bourgeons. "Une situation pire qu'en 1991, souligne le célèbre œnologue-conseil Michel Rolland. Il y a vingt-six ans, tous les châteaux avaient produit du vin, même dans de petites quantités. Là, nombreux sont ceux qui ne mettront rien en bouteille." "Le gel a été comme une amputation, qui a frappé de manière injuste, certains domaines étant totalement décimés, tandis que d'autres presque entièrement préservés, enchérit Hubert de Boüard, consultant et copropriétaire du Château Angélus à Saint-Émilion. Au final, la perte peut être évaluée à 40 % du volume habituel de vins."

    Une année de blancs

    Dans les domaines affectés, il est alors primordial de repérer les pieds touchés par la nuit glacée. Les raisins de seconde génération, issus des contre-bourgeons, accusent, en effet, un retard de maturation qui ne sera jamais comblé. "Dès le lendemain du gel, l'ensemble du personnel est dans les vignes pour marquer les 25.000 pieds touchés", explique Frédéric Faye, directeur général du Château Figeac à Saint-Émilion. Sans ce travail de fourmi, long et coûteux pour les domaines, les grappes de deuxième génération risquaient d'être vendangées en même temps que les autres et pouvaient apporter aux vins de la verdeur et de la dureté. Mais cet incident climatique, aussi brutal et ravageur fut-il, ne doit pas occulter la qualité du millésime. Le retour du printemps au mois de mai permet une floraison rapide et homogène, et les chaleurs du mois de juin favorisent la croissance rapide de la vigne dans les zones non touchées par le gel. Dans les parcelles gelées, la situation est plus hétérogène. "En revanche, l'été maussade ne permet pas de produire des vins puissants. Ils sont marqués par un léger manque en milieu de bouche", constate Stéphane Derenoncourt, qui conseille de nombreux domaines bordelais.

    Ces conditions sont particulièrement favorables aux cépages blancs. Les vendanges de sauvignon blanc débutent dès le 16 août sous le soleil, un record de précocité, et celles du sémillon s'étalent jusqu'au 15 septembre. "Les équilibres des raisins sont dignes des plus grands millésimes, avec une richesse en sucres tout à fait convenable, une acidité élevée et un potentiel aromatique très prometteur", poursuit Axel Marchal. "Nous ne sommes pas loin de penser que 2017 est une très grande année pour les blancs", confirme Jean-Philippe Masclef, maître de chai au château Haut-Brion. Une impression qui se confirme amplement à la dégustation, les blancs des Graves et du Médoc se révélant particulièrement équilibrés, précis et élégants. Ces caractéristiques se retrouvent aussi sur les quelques échantillons de vins liquoreux dégustés, avec de beaux niveaux d'acidité qui leur confèrent un caractère digeste.

    Un mal pour un bien ?

    Pour les rouges, la situation semble plus hétérogène. Les merlots, plus précoces, ont subi de plein fouet les importantes précipitations de début septembre. Parfois leur récolte a dû être anticipée pour limiter le développement de pourriture grise. "Encore une fois, c'est la qualité du terroir qui fait la différence, confirme Stéphane Derenoncourt. Les terroirs argilo- calcaires, plus tardifs, ont permis une meilleure maturation des raisins et ont produit de jolis vins." Quant aux cabernet-sauvignons, à la maturation plus lente, ils ont bénéficié du retour d'un temps sec et ensoleillé à partir du 20 septembre et ont pu être récoltés dans de très bonnes conditions.

    Finalement, 2017 produit des vins charmeurs, frais et croquants, avec beaucoup de sève. Mais les réussites ne sont pas partout au rendez-vous. Rive gauche, le nord Médoc a été épargné par le gel. Saint-Estèphe, Pauillac et Saint-Julien produisent ainsi des très beaux vins. La situation est plus mitigée sur Margaux, avec une production hétérogène en qualité, certains vins portant les stigmates du gel avec des notes végétales et des tannins un peu durs. Il en est de même, dans des proportions plus importantes, sur Listrac et Moulis. Plus au sud, Pessac-Léognan est coupé en deux : Pessac ayant été préservé, contrairement à Léognan. L'appellation donne de superbes blancs, bien supérieurs à 2015 ou 2016. Les rouges sont aussi réussis dans les terroirs restés intacts.

    Rive droite, la situation est plus disparate. Les grands terroirs ont été peu impactés par les incidents climatiques d'avril, hormis le plateau compris entre Figeac et Cheval-Blanc. "J'ai perdu tous mes merlots, explique Olivier Decelle, propriétaire du Château Jean Faure. J'ai produit 10.000 bouteilles, exclusivement en cabernet franc. Même si la récolte est très maigre, elle m'a conforté dans mes convictions que j'ai un grand terroir à cabernet. C'est dans cette direction que je veux poursuivre." Même son de cloche du côté du Château La Gaffelière "Nos pertes de merlots nous ont conduits à avoir 45 % de cabernet franc dans notre grand vin, contre 15 à 20 % habituellement. C'est une voie que je comptais prendre, peut-être pas aussi rapidement. Mais je ne ferai pas machine arrière", enchaîne Alexandre de Malet Roquefort, directeur du château. Un mal pour un bien, donc. Pomerol présente aussi un double visage, avec de très beaux vins sur le plateau, alors que les propriétés en couronne de l'appellation ont connu de moins bonnes fortunes.

     

     

     

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    (CF : La revue du vin de France)

     

     

     

    La filière viticole sous pression pour clarifier ses étiquettes

     

    Les autorités de santé publique mettent la pression sur le secteur des vins et alcools pour mieux avertir sur les dangers de l'alcool auprès des populations à risque, notamment les femmes enceintes.  

    Le secteur des vins et alcools, deuxième poste d'exportation en France derrière l'aéronautique, se retrouve sous pression des autorités de santé publique qui souhaitent avertir mieux sur les dangers de l'alcool pour les populations à risque, notamment les femmes enceintes.  

    Le logo d'interdiction instauré en 2006 au dos des bouteilles d'alcool, montrant un profil de femme enceinte dans un cercle barré, est pourtant explicite.

    "La recommandation est claire, les femmes enceintes ne doivent pas boire du tout de vin en raison du risque d'alcoolisation foetale", indique Joël Forgeau, président de Vins et Société, l'organisme représentant la filière viticole qui négocie les termes d'un "plan global de prévention" des populations à risque avec le ministère de la Santé. 

    Les autorités sanitaires trouvent toutefois le logo trop petit. Elles souhaitent le rendre plus visible et plus clair. Déjà Marisol Touraine s'était emparée du sujet, avant l'actuelle ministre de la Santé Agnès Buzyn.

    UN PLAN EN COURS D'ÉCRITURE

    Alors que plusieurs médecins addictologues et militants contre l'alcoolisme ont témoigné lundi des risques de l'alcool, "responsable en France de 49.000 morts dont 15.000 cancers", une concertation a officiellement démarré la semaine passée entre la filière et le gouvernement pour "améliorer la lutte contre les addictions".

    Un plan, proposé par la filière viticole, celle des alcools et les brasseurs, est "en cours d'écriture" et doit être présenté au gouvernement "d'ici l'été", a assuré M. Forgeau. Outre l'indication pour les femmes enceintes, il devrait aussi porter sur la consommation d'alcool par les mineurs, la conduite de véhicules et la consommation abusive.

    "Si on nous propose un logo de deux centimètres, cela risque d'être un problème, car nos étiquettes sont petites. Mais nous devrions pouvoir trouver un compromis via les couleurs pour le rendre plus visible, ce n'est pas un sujet d'opposition", estime un responsable viticole.

    Sur le plan européen en revanche, la filière est engagée dans d'autres discussions beaucoup plus complexes portant sur l'ajout sur les étiquettes d'une liste des ingrédients du vin.

    "Depuis une quarantaine d'années, contrairement aux autres denrées alimentaires, les vins et alcools en sont exemptés au niveau européen, mais nous voulons répondre aux demandes des consommateurs qui exigent plus de transparence", note Eric Tesson, responsable de la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie à Appellations d'Origine Contrôlée) qui représente les 17 régions viticoles françaises, soit 70% du vignoble français environ.

    BESOIN D'UNE HARMONISATION EUROPÉENNE

    Les producteurs de bière affichent déjà leurs ingrédients sur les bouteilles. Mais c'est plus facile que pour le vin, car il s'agit d'une "recette". En clair, toujours les mêmes ingrédients. Le vin, lui, change sa formulation chaque saison, chaque année, en fonction des conditions climatiques, du soleil, de la pluie... Il faut en réguler l'acidité, le sucre, les tanins par l'ajout de divers additifs.

    Le taux d'alcool est toujours indiqué ainsi que la présence de sulfites ajoutés, car ils sont potentiellement allergènes. Pour le reste des ingrédients, cela "crée beaucoup de complications administratives si les étiquettes doivent changer tous les ans et s'adapter à chaque marché", souligne M. Tesson.

    Selon lui, cela pourrait même mettre en danger certains petits producteurs.

    Du coup, les fédérations viticoles européennes représentant le négoce, les producteurs et les vins à appellations, dont la CNAOC est membre, ont fait une proposition globale, prévoyant la possibilité de faire cet affichage en ligne sur un site dédié, accessible via un QR code à scanner par le consommateur. "Nous sommes dans l'attente de la réponse de la DG Santé", indique M. Tesson.

    "Mais nous ne souhaitons pas en rester au stade de l'autorégulation, nous souhaitons que l'UE adopte une régulation unique, nous demandons une harmonisation européenne sur le sujet."

     

     

     

     

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    (CF : Le Figaro / vins)

     

     

    Quels vins méritent d'être conservés ?

     

    Chaque année, plus de 8 milliards de bouteilles de vin sont produites en France. Avec autant de choix sur le marché, comment savoir quelles bouteilles choisir et mettre en cave ?

    D’autre part, même s’il est toujours très excitant d'ouvrir une bouteille de vin qui a vieilli durant des années, savoir comment stocker son vin est beaucoup plus difficile qu'on ne le croit. Les cépages, les vignobles, les producteurs et les millésimes sont des aspects extrêmement importants à prendre en compte lors de votre choix de vins. Patricia Verschelling, expert en vins de la plateforme d’enchères en ligne Catawiki, possède plus de 10 ans d'expérience dans son domaine. Lisez la suite pour découvrir ses conseils sur les vins qui méritent d'être conservés en cave.

    Pourquoi des vins de garde ?

    Avant de décider quelle bouteille ajouter à votre collection, il est important de savoir pourquoi on collectionne et conserve le vin. Le stockage du vin aide à améliorer ses attributs : la texture, le goût et les arômes. Au-delà d’être conservé, le vin s’améliore. De plus, il est bien connu que les collectionneurs aiment ouvrir les vieilles bouteilles à des occasions particulières comme un mariage, une grande réunion de famille ou un bon dîner entre amis. Posséder des souvenirs d'un moment unique et saisir une tranche de vie, tout en améliorant la qualité des vins sont plusieurs raisons qui rendent l’idée d’une cave à vin très populaire. Alors, quels vins méritent d'être collectionnés et conservés ?

    Quels éléments prendre en compte ?

    On dit souvent que seulement 1 % des vins valent la peine d'être conservés, raison pour laquelle les vins dans votre cave doivent être choisis en fonction de normes de qualité strictes. La connaissance de la région viticole, de la production et du récoltant vous permettra de faire la distinction entre un vin qui vieillira bien et celui qu'il faut boire tout de suite. Les tanins sont connus pour garder les vins vifs, ce qui explique pourquoi les vins rouges qui vieillissent bien, comme les Bordeaux haut de gamme, ont tendance à contenir de grandes quantités de tanins. De même, le sucre contenu dans le vin blanc aide à préserver le vin et à empêcher sa détérioration. Par conséquent, plus le vin blanc est doux, mieux il vieillira. Ce qui explique pourquoi les vins liquoreux, comme le Sauternes, sont connus pour vieillir extrêmement bien au fil des années. De même que les tanins élevés et la teneur en sucre, les vins rouges et blancs ayant un niveau d'acidité plus élevé sont plus susceptibles de bien se conserver. En effet, leur pH faible empêche tout changement chimique susceptible de dégrader le vin. De manière générale, les vins rouges sont mieux adaptés au vieillissement à long terme que les vins blancs. Cependant, certains types de vins blancs comme le Chardonnay ou le Riesling de haute qualité peuvent s’apprécier d’autant plus après un séjour en cave de plusieurs années.

      
    L'importance du millésime

    Malgré une idée répandue, le millésime d'un vin se réfère à la date à laquelle les raisins ont été récoltés, et non à l'année où le vin a été commercialisé. Il est important d'identifier quels sont les bons millésimes avant la mise en cave de votre vin, car quelle que soit la durée de son séjour en cave, un vin issu d'une mauvaise récolte ne se bonifiera pas avec le temps. Les conditions de croissance idéales ? Des journées chaudes et des nuits fraîches, ce qui contribue à développer le potentiel aromatique, la maturité et la vive acidité du raisin, aidant les vins à mieux vieillir. Et la dernière astuce de Patricia ? Lors de la sélection d'un vin, assurez-vous de consulter un tableau des millésimes, que vous pouvez trouver en ligne ou dans le commerce, afin de bien démarrer votre collection.

     

     

     

     

     

     

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    (CF : Gilbert Gaillard)

     

     

    Les métiers du vin : le maître de chai

     

    Si les choses sérieuses commencent au moment où les raisins arrivent au pressoir, le rôle du maître de chai débute pourtant en amont des vendanges.

     

    Ce professionnel, qui peut être titulaire d’un BTS agricole viticulture-œnologie, quand il n’est pas diplômé d’œnologie, travaille main dans la main avec le chef de culture pendant tout le printemps. Ensemble, ils cherchent à obtenir des raisins de meilleure qualité, en mettant en place des travaux en vert et en déterminant de façon précise la date des vendanges. Une fois celle-ci arrêtée, le maître de chai prépare soigneusement son espace de travail : les cuves doivent être nettoyées et le chai ordonné avant que les fruits n’y pénètrent. Mal entretenus, les futs de bois pourraient donner un goût désagréable au vin, appelé goût de tonneau.

    Le maître de chai contrôle ensuite les étapes clé de la vinification : l’égrappage, le foulage, l’encuvage, la fermentation alcoolique, le décuvage, le pressurage, l’assemblage, le débourbage, la fermentation malolactique éventuelle, le soutirage, le filtrage et le sulfitage. Tout au long de ce processus, le professionnel du vin se livre à des dégustations, de façon à prévenir l’apparition de défauts. Il peut être épaulé par l’œnologue, notamment au moment de l’assemblage. Sa mission ne s’arrête pas une fois le vin prêt à être élevé. Il faut encore surveiller son évolution grâce à des dégustations et des analyses biologiques, mais aussi préserver l’hygiène du chai pour éviter toute contamination.

    Bon gestionnaire, le maître de chai est tenu d’alimenter un registre de cave dans lequel on retrouve les dates et les volumes des vendanges, les différents assemblages effectués ou encore les levures utilisées pour la fermentation.

     

     

     

     

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    (CF : Terre de vins)

     

     

    Challenge Sud de France de la sommellerie : la victoire enfin pour Baptiste Ross-Bonneau

     

    Challenge Sud de France de la sommellerie : la victoire enfin pour Baptiste Ross-Bonneau

     

    près avoir fini à la deuxième place en 2014 et 2016, le chef sommelier carcassonnais s’est imposé sur ses terres. Un succès qui lui ouvre les portes du concours international disputé ce mardi au château de Pennautier.

    Au plus haut niveau des concours internationaux de sommellerie, Gérard Basset et Paolo Basso respectivement sacrés Meilleurs sommeliers du monde en 2010 et 2013 l’ont prouvé, l’entêtement est une qualité. Comme eux, Baptiste Ross-Bonneau a connu l’échec – de façon très relative – en prenant à deux reprises la deuxième place du Challenge Sud de France de la sommellerie. Et comme eux il n’a pas renoncé…

    Et ce lundi 16 avril, à Carcassonne, à l’occasion de la quatrième édition de ce concours national qui porte sur la connaissance spécifique des vins du Languedoc-Roussillon, l’heure de récolter les lauriers du succès pour le chef sommelier du restaurant La Barbacane à l’Hôtel de la Cité. Un lieu magique au cœur de la cité historique audoise déjà mis à l’honneur en début d’année par le guide Michelin qui lui a attribué un macaron.

    « Ce concours a toujours été un objectif parce qu’il met en valeur la grande diversité des vins de cette région », expliquait le vainqueur à l’issue de la remise des prix. Originaire du Gard, formé à Béziers, ce jeune professionnel de 28 ans a désormais en tête l’envie de produire son vin.

    « Disputer ce concours presque à domicile a accentué ma motivation tout en ajoutant une certaine pression. Mais j’ai su évoluer depuis ma première finale. » Une évolution qu’il va pouvoir tester à l’échelon supérieur ce mardi. En effet la victoire remportée dans le concours français devant Dimitri Nalin (La Grande maison Bernard Margez et Pierre Gagnaire à Bordeaux) et Jenny Tibolla (Domaine Les terres blanches à Saint-Rémy-de-Provence) lui ouvre les portes de l’épreuve internationale sans lui laisser un instant de répit. Des adversaires, six professionnels sélectionnés en Allemagne, Belgique, Chine, Etats-Unis, Mexique et Royaume-Uni, qui depuis dimanche profitent de leur séjour dans l’Aude pour déguste les vins régionaux dans le cadre de Terroirs et Millésimes.

    Toute une région dans les verres

    La finale France a proposé aux trois derniers candidats un ensemble d’ateliers mêlant la technique de service, l’argumentation commerciale en anglais, le maîtrise de l’analyse sensorielle, la connaissances des produits et enfin l’aptitude à marier mets et vin. Ce qui leur a permis de s’exprimer à l’aveugle sur la cuvée Le roc des mates 2014, un Pic Saint-Loup du Château de Cazeneuve, de tenter de reconnaître une bière Alaryk IPA, un muscat de Rivesaltes 2015 du Château de Pena, un Rivesaltes ambré hors d’âge toujours du Château de Pena et une Fine du Languedoc du Domaine de la Salle. Enfin ils devaient déterminer, sans les connaître, quel vin parmi le Collines de la Moure 2015 du domaine Henry, un viognier 2016 IGP Pays d’Oc du domaine Gayda et un Minervois cuvée Chemin de traverse 2017 du château Borie Neuve s’associait le mieux avec une brandade de morue…

    Des exercices qui concluait une longue journée puisque la sélection avait débuté tôt le matin par les épreuves techniques qui allaient d’un questionnaire à l’analyse sensorielle à l’aveugle d’un Fitou 2015, la cuvée La Tina du château Champ des sœurs.

     

     

     

     

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    (CF : Terre de Vin)

     

     

    Comment le réchauffement climatique va changer les arômes du vin

     

    Comment le réchauffement climatique va changer les arômes du vin

     

    La hausse des températures va modifier l’alcool des vins et leur acidité, s’accordent à dire les scientifiques. A Montpellier, le professeur Alain Razungles va plus loin et décrypte les changements à l’œuvre dans le profil aromatique des vins de demain. Voyage prospectif au cœur du métabolisme de la baie de raisin, pour capter les arômes du vin.

    Alors que le réchauffement climatique affecte déjà le vignoble français, provoquant une avancée de l’ensemble du cycle de croissance de la vigne, les scientifiques restent prudents sur le goût des vins produits dans le futur, limitant leurs effets d’annonce à deux certitudes : les baies seront de plus en plus sucrées et de moins en moins acides, le degré d’alcool contenu dans le vin grimpant alors mécaniquement.

    Un chercheur de Montpellier SupAgro, le professeur Alain Razungles, va plus loin et décrypte les bouleversements entraînés par la hausse des températures sur les arômes du vin. Inédite, cette voix fait autorité en la matière, ce spécialiste des arômes et de l’analyse sensorielle, également œnologue et dégustateur en même temps que vigneron au domaine des Chênes dans les Pyrénées-Orientales, compilant quarante ans de recherches scientifiques pour offrir cette première interprétation des molécules du raisin, traduites en arômes.

    40 ans de recherches synthétisés

    « J’ai compilé et mis en résonance des comportements observés par mes thésards et quelques autres scientifiques entre les années 80 et aujourd’hui, explique Alain Razungles. Pour réaliser cette synthèse, je me suis appuyé sur des molécules connues qui présentent une similitude de comportements face à des modifications de facteurs abiotiques, liés au changement climatique. »

    Ainsi selon ce scientifique, l’augmentation du stress hydrique qui induit des modifications de précocité très importantes, va jouer un rôle déterminant dans le métabolisme de la baie de raisin, « une petite usine qui fabrique tout un tas de molécules notamment les précurseurs d’arômes », précise Alain Razungles. Inodores et parfois volatils, ces précurseurs d’arômes se révèlent lors de la fermentation alcoolique ou au cours de l’élevage pour donner aux vins les profils aromatiques que l’on connaît : notes florales, fruitées, balsamiques, épicées, de réglisse, de garrigue, etc.

    Des sauvignons moins végétaux

    Les scénarios envisagés par Alain Razungles, seraient ainsi plutôt favorables aux vignerons, selon l’hypothèse, optimiste, d’un réchauffement climatique de +2 degrés d’ici 2050 : « En cas de stress hydrique modéré, certaines thiols (comme le 3-mercapto hexanol) augmenteront en quantité et d’autres se stabiliseront (comme la 4- methyl mercapto pentanone), avec pour conséquence une perte du caractère végétal sur les Sauvignon qui prendront des arômes un peu plus pamplemousse. En revanche les dates optimales des vendanges seront plus ciblées, la fenêtre de tir sera réduite », précise-t-il.

    Exit le poivron vert

    Inversement, une meilleure maturité des raisins induite par un fort ensoleillement, entraînera une perte des pyrazines qui donnent au vin le goût de poivron vert. Aujourd’hui c’est dans les pays les plus frais comme la Nouvelle Zélande où les vins se signalent par une présence prononcée de cet arôme, que ce style persiste.

    Notes de violette ou d’hydrocarbure

    Même bouleversement pour les caroténoïdes, des pigments qui interviennent comme cofacteurs de la photosynthèse et se développent plus fortement en cas de fort ensoleillement : « le stress hydrique cause souvent une défoliation de la base des rameaux et par conséquent, une plus grande exposition des raisins au soleil, entraînant une formation puis une dégradation plus importante des caroténoïdes qui sont des précurseurs d’arômes des norisoprénoïdes, explique Alain Razungles. Ces molécules qui se trouveront en quantité plus importantes, portent plusieurs arômes. Sans rentrer dans la complexité des cas par cas, leur augmentation va entraîner une modification de notre perception du vin avec des arômes plus prononcés de violette, de fruits exotiques, de notes balsamiques ou d’odeurs d’hydrocarbure. »

    Truffe et tapenade pour la Syrah

    De la même manière sur un stress hydrique léger, le sulfure de diméthyle, une molécule présente à l’état naturel dans les vins de raisins très mûrs notamment de Syrah, va donner des choses intéressantes : en gagnant en concentration sous l’effet d’un ensoleillement accru, ce composé livrera des arômes caractéristiques d’olive noire, de tapenade, de truffe. De plus quand il est présent dans un vin, le sulfure de diméthyle se révèle être un exhausteur d’arômes fruités particulièrement efficace.

    Le Riesling pétrole en Australie

    Cette prospection au cœur du profil aromatique des vins de demain reste certes une extrapolation, bien que la viticulture-fiction soit déjà une réalité pour Alain Razungles. Le scientifique invite à se projeter dans cet avenir proche en dégustant les vins d’autres pays déjà impactés par la climatologie.

    Interrogeons-nous à notre tour avec ce professeur sur « le Riesling qui pétrole davantage et plus tôt dans les vins australiens, ou sur les notes balsamiques d’eucalyptus et de camphre dûes à la molécule vitispirane (plus présente dans les raisins mûrs de ce même pays, NDLR), ou encore sur les notes terpéniques des Muscats du nord du Chili qui souffrent du fort ensoleillement dans les conditions sub-désertiques autour de La Serena. Ce que nous observons là-bas confirme ce que nous avons pu démontrer et expliquer au cours de nos recherches. »

     

     

     

     

     

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    (CF : Relais du vin & Co)

     

     

    Les scènes du vin les plus drôles du cinéma

    Les scènes du vin les plus drôles du cinéma

     

    En fin de semaine, on cherche des occasions pour rire un bon coup. En grands amateurs de vin que nous sommes, ça nous fait sourire quand une de nos boissons favorites est tournée en dérision au cinéma. C’est pour ça qu’on a décidé de vous faire partager nos trouvailles. Voici quelques scènes du vin les plus drôles du cinéma...
     
    L’Aile ou la cuisse : le vin, c’est la terre


    Commençons avec celui qui incarnait l’humour et l’épicurisme sur le grand écran, monsieur Louis de Funès. Dans l’aile ou la cuisse, sorti en 1976, Louis de Funès incarne le directeur d'un guide gastronomique, capable de reconnaître un vin uniquement en l’observant.

    Le Dîner de cons: le vin qui tourne au vinaigre


    Film culte de la fin des années 2000, il abrite une des scènes du vin les plus drôles. Thierry Lhermitte a trouvé la parade pour échapper à son contrôleur fiscal, en mettant du vinaigre dans son Château Lafite.

    Les visiteurs : les chopines de vinasse


    On continue avec un film culte des années 90 qui nous emmène en plein Moyen-Âge. Redécouvrez une scène épique où Jacquouille la Fripouille fait son entrée dans la cave de Jacques-Henri.

     

    Barbecue: La sangria au Château Petrus


    Dans cette scène du film "Barbecue", sortie en 2014, on apprend à faire de la sangria avec… du Château Petrus… de quoi faire hurler les grands amateurs de vin. Nous, ça nous a décroché un grand sourire, même si on n’est pas sûr d’essayer la recette.

    Le Grand Restaurant: demi-sec ou demi-doux?


    Terminons en beauté avec une scène du Grand Restaurant, un film de 1966, avec… Louis de Funès. Cette fois-ci, il nous régale avec ses “demi-sec” et ses “demi-doux”. En bon snob méprisant qui n’y connaît rien, on reconnaît bien là le talent de l’acteur, et on s’amuse beaucoup.

     

     

     

     

     

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    (CF : le bon Gustave)

     

     

    Châteauneuf du Pape : l’épique histoire

     

     

    Vous vous demandez quel peut bien être le rapport entre cette appellation connue mondialement et nos chers Papes ? On vous explique tout ! Le bien aimé Châteauneuf du Pape tient son nom de sa commune de production : Châteauneuf du Pape ! Jusque-là, rien de bien étonnant… Ce qui est plus intéressant à connaître est toute l’histoire qui se cache derrière ce village du Vaucluse et son antique rapport au vin. 

    L’histoire

    Au plus loin que l’histoire nous amène, ce village était connu sous le nom de « Castro Novo », ce qui signifie « nouveau village fortifié ». Son nom a été modifié au XIIIe siècle en « Châteauneuf Calcernier » en référence à la chaux tamisée qui y était produite en grande quantité. C’est au XIVe siècle que son histoire change, à l’arrivée de Clément V, le premier Pape résidant à Avignon. Il fut le premier à s’intéresser au vignoble local qui ne représentait à l’époque que la moitié des terres cultivées. L’autre moitié étant réservée principalement aux céréales. C’est son successeur, Jean XXII, qui initia les prémices de la renommée internationale de ce vin.

    A son arrivée à Avignon, il décida de faire construire une résidence d’été aux Papes, sur la commune de Châteauneuf. Il avait emmené avec lui des vignerons de Cahors, dont il appréciait particulièrement les vins, pour installer un vignoble au pied du château. Ceux-ci s’emparèrent donc de parcelles qui avaient été laissées par les Templiers, chassés par Philippe le Bel. La première année, le vignoble de 8 hectares donna 4 tonneaux de « Vins du Pape » comme les avait désigné Jean XXII. C’est cette dénomination qui commença à éveiller l’intérêt pour ce vin. Au fil des années, la production augmentant, les cuvées de Vins du Pape furent servies lors des réceptions organisées au Palais des Papes d’Avignon. Bon nombre d’ambassadeurs étrangers s’y retrouvaient. Ce vin étant fort apprécié, on commença à expédier des barriques en Italie, en Allemagne et en Angleterre.

    L’appellation

    En plus d’être le vin des Papes, le Châteauneuf du Pape est aussi le premier à avoir reçu une appellation contrôlée. En 1923, le maire de l’époque, le Baron Pierre le Roy de Boiseaumarié créa le tout premier syndicat viticole français. Son but était de donner des règles à la production du vin local. Cette toute première appellation délimitait la zone de production ainsi que quelques règles comme la limitation du rendement, l’obligation de vendanger manuellement et de trier les raisins. Elle a également définit les cépages autorisés sur l’appellation. Ils sont au nombre de 13 : grenache, mourvèdre, syrah, cinsault, muscardin, counoise, clairette, bourboulenc, roussanne, picpoul, picardon, vaccarèse et terret noir. C’est cette diversité qui avait permis à ce vignoble de bien résister à la crise du phylloxera au milieu du XIXe siècle. L’appellation recouvre aujourd’hui 3000 hectares, dont 50% de la production est exportée.

    Le vin

    Le Châteauneuf du Pape existe en rouge et en blanc, dont les grandes spécificités sont les suivantes.

    Le rouge, a une robe allant du pourpre au grenat. Il est basé sur des arômes complexes de fruits rouges et d’épices. En vieillissant, ceux-ci évoluent vers le cuir, la truffe, le musc et des notes réglissées. Sa bouche est généreuse et souple, toute en rondeur et onctuosité. Les galets roulés recouvrant les pieds de vigne lui procurent une grande richesse aromatique ainsi qu’un bon potentiel de vieillissement.

    Le blanc, quant à lui, a une robe jaune pâle et un nez floral. Il est caractérisé par des arômes de fleurs de vigne, de chèvrefeuille et de narcisse. Sa fraicheur aromatique est incroyable de persistance. Planté en sol sableux, on lui accorde élégance et finesse. Au contraire, en graves ou terrain calcaire, c’est sa vivacité qui surprend.

    L’anecdote, pour finir !

    A la Révolution, le château de Châteauneuf du Pape fut vendu à une personne, qui représentait secrètement 30 personnes. Celles-ci se mirent alors à démonter le château ! Cela pour en revendre les pierres ou s’en servir pour construire leurs propres maisons. Il n’est désormais pas rare de voir des pierres de la résidence d’été des Papes combler les murs des maisons du village !

     

     

     

     

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    (CF : Rumporter)

     

     

    Rhum et Piraterie : la construction d’un imaginaire

     

    Parmi les nombreux imaginaires du rhum, liés à la fête, aux paysages tropicaux ou à la mer, l’univers du Pirate est certainement celui auquel chacun pense spontanément.

    rhum pirateHenry Morgan, Capture of Panama from the Pirates of the Spanish Main series N19 for Allen and Ginter Cigarettes (1888) © metmuseum.com

     

    Commençons par définir les termes utilisés. Un flibustier est d’abord un entrepreneur privé qui se met au service d’un gouverneur représentant une puissance européenne dans l’espace caraïbéen, pour piller ses ennemis. Un pirate est, quant à lui, un marin privé qui ne répond à aucune autorité établie.

    Selon les époques nous parlons de flibuste ou de piraterie. Dans les grandes lignes, des années 1650 à la fin du XVIIème puis des années 1700 à 1713 nous parlerons de flibuste. A la charnière du XVIIIème siècle puis après 1713 nous parlerons de piraterie. Le statut de pirate ou de flibustier dépend de l’état de paix ou de guerre des puissances européennes présentes dans la Caraïbe. En temps de guerre, la flibuste flamboie. En temps de paix la piraterie prend le relais.

    Les sources historiques liant le rhum et la piraterie (ou la flibuste) sont relativement tardives. Elles sont éparses à la fin du XVIIème siècle et plus nombreuses au début du XVIIIème. Elles sont constituées principalement de lettres, de journaux de bord et de minutes de procès.

    En 1678, Pierre Alexandre Oexmelin, ancien flibustier, publie une « Histoire des aventuriers qui se sont signalés dans les Indes ». La première édition de cette œuvre est hollandaise et est suivie, durant les années suivantes, d’éditions allemande, anglaise et française. Cet ouvrage retraçant les vies aventureuses de plusieurs flibustiers/pirates, ne mentionne qu’une seule fois le rhum… mais au sujet de soldats espagnols qui sont ivres, et non au sujet de flibustiers…

    D’autres sources publiées notamment par John Franklin Jameson en 1923 puis par Ed T. Fox en 2005, mettent en évidence deux aspects concernant la Caraïbe. Le premier aspect est la consommation finalement assez diversifiée des Pirates pour ce qui est de l’alcool. Les pirates capturant toutes sortes de navire de commerce, collectent autant de rhum que d’autres alcools comme du brandy, ou des vins français ou espagnols.

    Les écrits du Pirate James Kelly, rédigés en 1700, illustrent la diversité des prises : « From thence we went up to Meriso and there met a French Ship about 200 tunn loaden with Wine ; then went to Statia and took a Dutch-man in the Road lying unrig’d, loaded with Sugar and much Brandy (…) ».

    Par ailleurs les quelques listes de cargaisons de navires, pirates ou non, que nous possédons confirment cette variété d’alcool.

    Rhum pirateEdward Teach, Walking the Plank from the Pirates of the Spanish Main series (N19) for Allen and Ginter Cigarettes (1888) © metmuseum.org

     

    Le second aspect, qui concerne également les captures, est le caractère non-exclusif du rhum dans les chargements. Celui-ci est toujours accompagné d’autres provisions, notamment de sucre, dont la présence dans les sources est quasi indissociable de celle du rhum. Faisons appel à Henry Treehill, témoin à un procès de piraterie en 1724 : « (…) Therein carryed the same to an uninhabited Island called Rattan and from thence proceeded through the Gulph to the windward of Antegoa and there took an English Ship and also a French Vessel and took out of them some Rum and Sugar. »

    Si ces deux idées peuvent paraître évidentes, l’imaginaire de la piraterie ne retient que la quête d’or et de rhum. Aucune autre denrée que le rhum, n’est associée automatiquement à cet univers et on n’imagine pas un pirate courir les mers pour caisses de sucre…

    Dans ce cas, d’où nous vient cette vision restreinte de la réalité, qui s’est installée dans les esprits européens ? Pourquoi pourrait-on presque trouver curieux de lire dans un livre ou de voir dans un film, un pirate boire autre chose que du rhum ?

    Si nous pouvons dresser une longue liste de suspects – employons les grands mots – nous ne distinguerons ici que trois grands coupables : Daniel Defoe, Robert L. Stevenson et Walt Disney.

     

    Daniel Defoe : A General History of the Robberies and Murders of the most notorious Pyrates

    Daniel Defoe est né en 1660 à Londres. Parallèlement à des activités politiques, il publie des nouvelles et des romans, et créé notamment le personnage de Robinson Crusoé en 1719. Cette attirance pour le lointain se confirme dans d’autres romans puisqu’il publie de manière anonyme en 1724 puis en 1726, une General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates, présentant des biographies romancées de pirates. Le pseudonyme utilisé par Defoe est « le Capitaine Johnson ». Cette bible de 800 pages a fasciné les historiens pendant des années, et façonné l’imaginaire européen. C’est seulement dans les années 1960 que l’on découvrira qui se cachait derrière ce pseudonyme.

    Comment considérer alors cet ouvrage rédigé par un romancier… ? Les travaux réalisés par les historiens ces dernières décennies ont démontré que les biographies présentées par Defoe sont certes romancées – et certaines sources citées par l’auteur voire certains personnages sont inventés – mais elles reflètent une partie de la réalité.

    Concernant les sources de l’auteur, elles sont relativement mystérieuses mais il affirme avoir obtenu des sources directes. Quoiqu’il en soit, depuis le début du XVIIIème siècle, la presse anglaise est abreuvée de récits de pirates mais surtout de comptes-rendus de procès dont l’opinion publique raffole. Car contrairement à la pratique française, les pirates « anglais » étaient rapatriés en métropole pour être jugés. Il est peu probable que Defoe n’ait pas eu recours à ces sources directes.

    Toujours est-il que cet ouvrage va fixer les premiers jalons de l’imaginaire de la Piraterie par la précision des descriptions et le caractère aventurier de chaque récit (en plus de considérations politiques qui sont un autre sujet). Dans ces histoires, quelle est la place réservée au rhum ? Alors que dans les sources historiques, le rhum est soit une denrée que l’on capture avec d’autres, soit une denrée d’approvisionnement, Defoe lui confère une fonction dans un rituel de la piraterie à savoir : l’élection du capitaine. Dans deux récits, l’élection se fait autour d’un punch. Or, à l’époque, la présence du rhum dans la recette du punch est attestée dans la Caraïbe.
    Howel Davis fut, selon Defoe, élu en Martinique, capitaine de son navire : « Un conseil de guerre réuni autour d’une bassine de punch eut à élire un commandant. L’élection fut vite faite, les suffrages furent presque tous en faveur de Davis et tout scrutin fut inutile. »

    rhum pirateWilliam Fly, Lashing a Prisoner, from the Pirates of the Spanish Main serie N19 for Allen and Ginter Cigarettes (1888) © metmuseum.org

    Il est en est de même lors de l’élection du Capitaine Bartholomew Roberts : « Une fois Davis mort de la façon qu’on sait, la compagnie se trouva dans la nécessité de pourvoir son poste, que briguaient déjà une poignée de Lords, selon le surnom qu’ils s’étaient attribué : Symson, Ashplant, Anstis et consorts. Mylord Dennis, à qui n’échappait pas la faiblesse d’un gouvernement privé de chef, s’installa devant un bol de punch et fit la proposition suivante :
    « Il importe peu de savoir qui porte le titre ; à la vérité, tous les bons gouvernements (et le nôtre en est un) tirent leur force de la communauté qui a, sans contestation possible, droit d’élection et de révocation. »
    Notons que ce rituel est totalement mis de côté de nos jours dans l’imaginaire de la Piraterie, y compris dans le troisième volet de la saga « Pirates des Caraïbes » dans lequel une scène représente l’élection du « Roi des Pirates ». Le punch ne fait plus partie de l’univers du Pirate aujourd’hui. Non, un Pirate pour un individu des XXème et XXIème boit son rhum pur.

    L’autre imaginaire que nous présente alors Defoe, en plus du « rhum de capture » qui est une réalité historique, est celui du rhum, dirons-nous, « festif ».

    Defoe publie un texte prétendument tiré du journal de Barbe-Noire en personne : « On pourrait croire que de tels signes les auraient induits à réformer leur genre de vie ; mais ces réprouvés s’encourageaient les uns les autres dans leur perversité et l’usage continu qu’ils faisaient de l’alcool n’y contribuait pas peu. Dans le journal de bord, tenu par Barbe-Noire, se lisent plusieurs passages écrits de sa main : `Quelle journée ! Nous avons bu tout le rhum…Aujourd’hui on parle beaucoup de se séparer, une prise serait la bienvenue – Dure journée. Nous avons fait une prise et avons trouvé à bord quantité de liqueur. L’équipage a beaucoup bu ; tout va bien’ ».

    Il est certain que ce genre de scènes présentées comme vécues, fixent des images. Et il faut ajouter que Defoe présente les pirates comme de grands amateurs de boissons en tous genre. Dès l’introduction on trouve ceci : « Parce qu’il s’y trouve une grande quantité de petites îles ou de cayes inhabitées avec des ports fort commodes et sûrs pour radouber les vaisseaux, et qui fournissent des provisions en abondance : eau douce, oiseaux sauvages, tortures, huîtres, et cent variétés de poissons de mer. Les forbans n’ont à y apporter que des liqueurs fortes ; puis, une fois reposés, ils repartent pour de nouvelles expéditions, avant que personne ne puisse leur nuire. » Autrement dit, ils peuvent rester sur leurs îles et s’ils sortent, c’est pour chercher à boire…

    Mais Defoe va plus loin. Dans le chapitre consacré à B. Robert, on lit ceci : « Les pirates, ayant terminé leurs travaux, séjournèrent quelque temps (à la Dominique), et se livrèrent à leurs débauches coutumières. Ils disposaient de quantités considérables de rhum et de sucre. Bien peu surent se contenter d’en faire un usage modéré. L’homme sobre risquait fort d’être suspecté de complot contre la sûreté de la compagnie et, selon l’esprit des pirates, celui qui ne s’enivrait point ne pouvait être qu’un coquin. »
    La sobriété est donc mal vue…

    Defoe nous présente donc des pirates portés sur la boisson. Si le rhum n’est pas la boisson exclusive, il tient un rôle prépondérant. Il est certain qu’à l’époque différentes eaux-de-vie circulaient dans la Caraïbe. Mais à l’époque de la publication de l’ouvrage, le rhum français est interdit d’importation dans le Royaume de France, et la production du rhum dans colonies espagnoles est lourdement entravée voire interdite. Certes il y a de la fraude dans les deux cas, mais le fait est que le seul le rhum des colonies anglaise circule totalement librement sur l’Atlantique à cette époque.

    Mieux, entre 1700 et 1725, les importations de rhum des colonies anglaises, en Angleterre et au Pays de Galles passent de 1950 gallons à près de 89400…Elles sont multipliées par 45 en 25 ans. Defoe constate l’arrivée en Angleterre où il réside, en provenance de la lointaine Caraïbe, des pirates capturés dont il verra les comptes-rendus des procès, et surtout ce rhum, en grande quantité, qui concurrence le gin anglais.

    Defoe vit par conséquent dans un contexte favorable à l’émergence du lien entre piraterie et rhum, lien qui ne peut surgir que dans le monde anglo-saxon au vu des équilibres commerciaux de l’époque. Il ouvre alors un chemin dans l’imaginaire, qui sera emprunté par d’autres, notamment au XIXème siècle.

     

     

     

     

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